Géraldine Singy s’intéresse à l’appréhension d’un espace domestique, à transposer en sculpture certains éléments qui dénotent les comportements que chaque individu adopte par rapport à son lieu de vie. On trouve ainsi des éléments d’architecture aux dimensions standard tels des cadres de portes ou des escaliers, les sculptures créant des situations qui incluent une amorce de narration; le spectateur y reconnaît «une familiarité devenue étrange».
Avec une première impulsion donnée par les nouvelles conditions de création de l’artiste – passer des espaces d’une école d’art à un atelier réduit à une chambre – la sculpture conçue pour Piano Nobile utilise les mesures de la table de travail de l’artiste, un 70x70 cm du géant suédois, comme module autour duquel se développe un volume énigmatique. Cet espace de travail restreint est lui-même utilisé comme support de visuel, couvert par un motif créé à partir de clous (de tapissier; autre allusion à l’univers domestique). La pose a été réalisée par un geste répétitif digne d’un jeu de patience; la surface devient cinétique et complexifie la lecture de l’ensemble.
L’assemblage des éléments se fait à la manière d’un puzzle, la sculpture étant elle-même une première pièce parmi celles d’une série à venir; un fragment à compléter indéfiniment. Choisissant un titre dans La Vie mode d’emploi de Georges Perec, l’artiste convoque l’un des habitants de l’immeuble présenté dans le roman, Gaspard Winckler, et sa réflexion autour de l’art du puzzle où précisément «une pièce à elle seule est une énigme qui devient une évidence lorsque le joueur a réussi à l’assembler avec ses pièces voisines».
Texte de Marie-Eve Knoerle - commissaire de l'exposition "Aliquid Mirari" à Piano Nobile, Genève.
Géraldine Singy is interested in the apprehension of a domestic space, in transposing into sculpture certain elements that denote the behaviours that each individual adopts relative to his/her place of life. We thus find elements of architecture with standard dimensions such as door frames and stairs, sculptures creating situations which include a beginning narrative; the viewer can recognise “a familiarity become strange”.
With a first impulse given by the new conditions of the artist for the creation– going from the spaces of an art school to a small one bedroom studio – the sculpture designed for Piano Nobile uses the measurements of the work table of the artist, a 70cm x 70cm from the Swedish giant, as a module around which develops an enigmatic volume. This restricted work space is itself used as a visual support, covered by a motif created from nails (of an upholsterer; another allusion to the domestic sphere). The installation has been achieved by a repetitive act worthy of a jigsaw puzzle; the surface becoming kinetic and complicates the reading of the whole.
The assembly of the elements is done in the manner of a puzzle, the sculpture itself being a first piece from amongst those of a series to come; a fragment to be completed indefinitely. Selecting a title in La Vie mode d’emploi of Georges Perec, the artist summons one of the residents of the building presented in the novel, Gaspard Winckler, and his reflection on the art of the puzzle where exactly “a piece alone is a riddle that becomes obvious when the player has succeeded in assembling it with its neighbouring pieces”.
Text by Marie-Eve Knoerle – exhibition organiser "Aliquid Mirari" at Piano Nobile, Geneva.